Cinquante après la parution du tout premier strip, Buck Rogers a connu une nouvelle vie en bande dessinée publiée dans les journaux. En grand partie grâce au succès du film paru en 1979. Et probablement aussi grâce à la série TV diffusée à la fin des années 70. Je vous avais parlé il y a quelques temps du début du comic strip originel. Il sera donc intéressant de voir comment 50 ans plus tard cet univers est traité.
Avant tout chose, rappelons brièvement ce qu'est ce comic strip. Buck Rogers in the 25th Century raconte l'histoire de Buck Rogers, un homme vivant au 20ème siècle qui, suite à un vol dans l'espace, va se retrouver 500 ans dans le futur. Il n'a pas fait un voyage dans le temps au sens où tout le monde l'entend. Sa fusée a connu une avarie qui l'a "cryogénisé" (pour faire simple). Buck se réveillera dans un monde très différent de celui qu'il a connu, un monde dans lequel la guerre nucléaire a fait des ravages et où il ne reste que quelques endroits habitables sur la surface de la planète Terre...
Buck Rogers version Gray Morrow a été publié pendant trois ans, de septembre 1979 à 1982. Il était publié tous les jours de la semaine et le dimanche. Le strip dominical était inclus dans la continuité de l'histoire mais pour ne pas perdre le lecteur qui ne le lisait pas, le strip du lundi servait de résumé (résumé plutôt habile car moins lourd que ce qu'on a pu voir sur d'autres strips). Avant de lire ce premier volume collectant les strips parus entre le 9 Septembre 1979 et le 15 Aout 1980, je n'avais jamais entendu parler de Gray Morrow. Il a pourtant une carrière intéressante dans le monde du comic strip. Il a notamment failli être la personne qui allait reprendre Prince Valiant au début des années 70. Il a été l'assistant par exemple de John Prentice sur Rip Kirby. Il a travaillé sur Secret Agent Corrigan X-9 (pour Al Willamson). Il a travaillé également pour John Cullen Murphy sur Big Ben Bolt. Il a été aux commandes de Flash Gordon pendant une courte période au début des années 90. Et surtout il a dessinée pendant presque 20 ans la sunday page du strip Tarzan (à partir de 1983). Une brillante carrière donc dans le domaine du comic strip. Une découverte qui m'a vraiment plu. J'aime beaucoup le style graphique de Gray Morrow. Son style réaliste est très agréable à regarder. Sa mise en scène est bonne. L'action est bien dessinée. Ca ne manque pas de punch. Visuellement, on voit tout de suite que ce strip a été dessiné dans les années 70. En effet, que ce soit au niveau vestimentaire ou dans les coupes de cheveux par exemple, il y a des signes qui ne trompent pas. Et même si le strip est censé se dérouler cinq siècles plus tard, ça fonctionne très bien.
Côté histoire, nous avons à faire à de la bonne science fiction. Pas exceptionnelle. Ce strip ne restera pas dans les annales pour une histoire géniale. Mais c'est très agréable à lire et à suivre. Cinq histoires complètes sont au programme de ce volume. La première, Space Vampire, nous propose de suivre Buck Rogers et Vilma dans une étrange enquête où disparaissent de manière inexpliquée des vaisseaux de la planète Terre. Leur voyage va les amener à rencontrer de vieux ennemis : la sublime Ardala et Kane (deux personnages apparus très tôt dans le strip des années 30). Mais un autre ennemi est avec eux : le dernier survivant d'une race de vampire! Ensuite, dans Mutant Zone, Buck et Wilma retourneront sur Terre pour suivre une piste laissant penser qu'un odieux traffic a lieu dans une zone contaminée. Ils iront jusqu'à enquêter dans un hôpital qui cachera bien des mystères. La troisième histoire, Vostrian Crisis, nous proposera de suivre un conflit entre la planète Terre et un de leur principal fournisseur de nourriture : la planète Vostria. Cette dernière a connu un putch et les nouveaux dirigeants ne veulent plus fournir de nourriture. Et pour montrer leur hostilité, ils n'hésitent pas à piéger un équipage terrien venu chercher les biens en les accusant d'espionnage. Buck et Wilma sont envoyés sur place pour mieux comprendre la situation et tenter de libérer les captifs. Changement de décor pour la quatrième histoire. The Faceless Kid nous plonge en plein far west sur une planète lointaine. Un mystérieux brigand terrorise tout le secteur. Il est tellement dangereux que les autorités terriennes décident d'envoyer Buck en tant que nouveau shérif. Une histoire qui conduira le héros (et par la suite Wilma) à retrouver une nouvelle fois de vieilles connaissances. Enfin, dans Solar Peril, la Terre est en danger. En effet, les rayons du Soleil sont de plus en plus dangeureux. La situation en est au point que la vie sur Terre risque de devenir très prochainement impossible. Mais quelque chose se trame. En effet, la situation semble s'être dégradée de manière non naturelle. Notre duo de héros est envoyé aux alentours de l'étoile pour voir si une source extérieure ne serait pas à l'origine du dérèglement du Soleil... Ces cinq histoires sont intéressantes à suivre. Elles sont bien rythmées. Les thématiques sont variées. On a pas le sentiment de lassitude. J'ai été surpris en lisant le début du strip. Contrairement au strip originel, il n'y a pas ici de véritable introduction. On sait que Buck est un homme du 20ème siècle et c'est tout (c'est probablement l'effet film + série TV). On est directement dans le bain. Et finalement, ça fonctionne plutôt bien. Les différents personnages sont bien caractérisés. Le duo Buck/Wilma est bon. Là aussi, on sent que les moeurs ont évolué. Ici, les deux personnages forment clairement un couple. Mais un couple sans en être un. La relation entre les deux personnages est bien écrite (même si je trouve que Jim Lawrence (le scénariste) a un peu trop usé de scènes de jalousie de la part de Wilma envers Buck). Les ennemis sont dans l'ensemble tous très intéressants. Avec une mention spéciale pour Kane et Ardala qui sont les ennemis récurrents du strip. Il ne fait aucun doute qu'on les retrouvera dans le prochain volume. Bref, ce strip a une série d'histoires divertissantes.
Après nous avoir proposés le strip fondateur de l'univers Buck Rogers, Hermes Press poursuit son chemin en publiant un volume de bonne qualité. Mais pas exempt de tout défaut. Ce premier volume est publié dans un format à l'italienne. En guise de bonus, une introduction intéressante signée Daniel Herman nous présente rapidement Buck Rogers et la carrière de Gray Morrow. Nous avons également l'occasion de voir en guise de bonus plusieurs strips originaux (en noir et blanc). Des strips vraiment magnifiques. Je les trouve personnellement même plus beaux que les versions imprimées dans les journaux. Le gros point négatif de ce volume concerne la qualité de reproduction des strips. Celle-ci est très variable. Attention, je ne dis pas que c'est illisible et que ça nuit à la lecture de l'histoire. Mais, on voit clairement qu'il y a des problèmes de reproduction, que ce soit dans les dailies (en noir et blanc) ou les sundays (en couleurs). La plupart des strips sont très bien reproduits. Mais sur certain strips dominicaux, la couleur n'est pas bonne (comme si le strip avait été scanné à partir d'un journal sans être retravaillé ensuite). Sur d'autres, on voit qu'il y a eu un travail. Mais pas sur le strip dans son ensemble. Le résultat est un peu étrange (par exemple un ennemi n'aura pas ce "grain" que son interlocuteur a). Côté strip de la semaine, c'est surtout un problème de surexposition des strips à la lumière qui me semble être à l'origine de la qualité variable de certains strips. En effet, à plusieurs reprises, on voit clairement que certaines parties manquent de détails. Comme je le disais, ça ne gênera pas la lecture. La grande majorité des strips sont magnifiques. Mais il fallait tout de même parler de ce défaut. Vu le prix du volume, ça me semble normal de ne rien cacher.
Buck Rogers in the 25th Century version Gray Morrow s'avère donc être une bonne surprise. C'est du bon comic strip de divertissement qui ravira tous les amateurs de l'univers Buck Rogers et de science fiction en général. Il n'y a pas encore de date annoncée pour la sortie du volume 2. J'espère qu'il verra le jour un jour où l'autre.
Intérêt global :et demi/5
Qualité de l'édition :et demi/5
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