Critique #58 : Johnny Hazard Volume 1

-->

Johnny Hazard, pilote de l'USAF, prit son envol en juin 1944 et se posa définitivement en août 1977. Frank Robbins, son créateur, avait fait ses premières armes de dessinateur de comic-strips avec la série d'aviation Scorchy Smith, qu'il anima entre 1939 et 1944.

 

Le premier strip de la série (06/05/1944)

 Notre héros démarre sa carrière en s'évadant d'un camp de prisonniers allemand avant de reprendre le combat contre les nazis, puis, plus tard, contre les Japonais. Ce premier volume contient tous les strips quotidiens parus entre le 5 juin 1944 et le 19 novembre 1945. Il est subdivisé en cinq histoires distinctes et s'achève sur le retour de Johnny au pays après sa démobilisation.

Les aventures sont très rythmées et s'enchaînent sans temps morts. On notera cependant que notre pilote passe beaucoup plus de temps au sol que dans le cockpit de son avion ! Les personnages secondaires ont une véritable épaisseur et il n'est pas rare qu'ils volent la vedette ; ainsi, entre le 1er et le 20 mars 1945, soit 17 strips, Johnny n'apparaît pas une seule fois et l'histoire est centrée sur Brandy, sa fiancée. Cette épaisseur est aussi de plus en plus apparente chez ses adversaires au fur et à mesure de l'avancée de la série. 

Robbins n'édulcore pas ses récits et la violence des combats est bien rendue, de même que le sort souvent funeste des civils pris entre les armées qui s'affrontent. Hazard n'est pas un héros lisse et policé, il est au contraire très humain. Plus indépendant que discipliné, il n'est pas devenu indifférent à la souffrance et à la mort qu'il côtoie quotidiennement et il lui arrive d'être pris d'une rage meurtrière envers ceux qui ont commis des exactions.

Le dynamisme du dessin de Robbins (24/05/1945)

En résumé, Johnny Hazard - The Newspaper Dailies 1944-1946 est un strip d'aventures de très bonne facture et ce premier tome pose les jalons d'un succès qui durera 33 ans. Robbins, fort de son expérience, nous offre un graphisme pur et une excellente maîtrise du noir et blanc. Il se rapproche en cela, et ce n'est pas un mince exploit, de Milton Caniff, un maître en la matière, qui dessinait Terry et les Pirates depuis déjà dix ans à ce moment-là.

La maitrise du noir et blanc (20/07/1945)

Après le contenu, le contenant : il s'agit d'un album cartonné de 25,5 cm x 16 cm, avec jacquette, paru chez Hermes Press en 2011. Il compte 239 pages à raison de deux strips par page et s'ouvre par une introduction (très sommaire) de Daniel Herman.

La reproduction des strips est excellente et leur taille permet une lecture très confortable. En plus de l'absence d'un appareil critique digne de ce nom, on pourra regretter celle des planches du dimanche. L'éditeur justifie ce choix par le fait que ces dernières ont toujours raconté des aventures dissociées de celles des bandes quotidiennes. Par ailleurs, il existe déjà une intégrale de ces « Sundays » chez Pacific Comics Club en 31 (!) volumes, chaque volume reprenant une année complète.

Le deuxième tome est prévu pour août 2012.

Note Globale : /5

Note du Livre : /5

Eric Bretennoux

EDIT (par Jonathan) : Vous trouverez ci dessus des extraits du livre lui-même. J'ajoute quelques extraits issus d'une version publiée en France pour vous montrer quelques exemples supplémentaires de l'énorme talent de Franck Robbins)