mardi 30 septembre 2014

Critique #156: Modesty Blaise - Yellowstone Booty


Après un peu plus de quinze ans de strips, Modesty Blaise arrive à un nouveau tournant de son histoire. Événement que nous allons observer dans ce treizième volume publié par Titan Books. Il ne s'agit pas d'un changement scénaristique. Peter O'Donnell est toujours aux commandes de l'histoire. Il s'agit d'un changement de dessinateur. Enrique Badia Romero quitte le strip (pour s'occuper de sa propre création). Il est remplacé par John Burns. Un changement pour le meilleur ? Ou pour le pire ?


Ce treizième volume des aventures de Modesty Blaise compile trois nouvelles histoires complètes parues entre le 23 Janvier 1978 et le 30 Mars 1979. Les deux premières histoires sont dessinées par Enrique Romero Badia. La dernière, Yellowstone Booty, est l'oeuvre de John Burns. Cet artiste avait déjà été en contact avec l'univers Modesty Blaise car il a eu l'occasion de dessiner les couvertures de plusieurs romans sur l'héroïne écrits par Peter O'Donnell. En dehors de son run sur Modesty Blaise, son travail le plus connu en tant que dessinateur de bande dessinée est son apport à la bande dessinée Judge Dredd (avec Garth Ennis au scénar).


Trois nouvelles histoires sont donc au rendez-vous du lecteur. La première, Idaho George, nous propose de faire la rencontre d'une connaissance de Modesty et Willie. Anciennement connu sous le nom d'Idaho George, il réapparaît dans la vie de nos héros comme étant Ram Dal Singh, un gourou extralucide (accompagné de son assistante Sita). A côté de son discours d'un autre âge, il affirme pouvoir matérialiser ce qu'il veut. Et sa petite démonstration va taper dans l'oeil d'êtres peu recommandables.A-t-il vraiment des pouvoirs surnaturels ? Dans The Golden Frog, Modesty et Willie vont rendre visite à leur maître Saragam, en Asie du Sud-Est (proche de la frontière Thaïlandaise). Ce dernier leur a demandé de l'aider pour le bien de sa petite fille. Mais tout n'est pas dit dans cette demande. Et nos héros risquent de le payer cher. La dernière histoire, Yellowstone Booty, nous emmène en Amérique du Nord, dans le parc national Yellowstone. Alors que Modesty et Willie sont en plein trekking (ils doivent se rejoindre dans le parc après avoir utilisé des chemins différents), ce dernier fait la rencontre de personnes peu recommandables. Elles sont visiblement à la recherche d'un trésor enfoui par des indiens il y a des dizaines d'années. Une situation délicate s'annonce pour notre héros. L'aide de Modesty ne sera pas de trop pour régler cette affaire...


Voici donc trois nouvelles histoires à lire. Et une fois de plus, Peter O'Donnell nous propose de très bonnes choses. La première histoire m'a intéressé pour son petit côté humoristique induit par Idahi George, ce soi-disant gourou qui prône la supériorité de l'homme sur la femme. Son discours totalement d'un autre temps est tellement décalé par rapport au ton progressiste de ce comic strip que le choc entre ces deux visions est assez comique. La seconde histoire est très intéressante car nous avons l'occasion une nouvelle fois observer un aspect important du caractère de nos héros: la confiance envers quelqu'un qu'ils respectent. Dans cette histoire, Modesty et Willie se rendent rapidement compte que quelque chose cloche et pourtant, ils foncent droit dans le danger pour essayer d'aider leur ancien maitre. Dans la dernière histoire, on retrouve la complicité aveugle entre Modesty et Willie. La mise en situation est classique mais la relation entre nos héros est telle qu'ils vont réussir à se sortir d'un piège périlleux. Côté dessin, on assiste donc aux derniers pas d'Enrique Romero Badia avant qu'il ne laisse la place à John Burns. Romero quitte le strip pour s'occuper de sa création, le comic strip Axa. Ce changement de dessinateur peut être un moment dangereux pour une oeuvre. Je ne connaissais pas du tout John Burns avant de le découvrir sur Modesty Blaise. Je dois dire que j'ai eu un peu de mal avec son style au début tant il diffère de celui de son prédécesseur (la transition Jim Holdaway - Enrique Romero Badia s'était faite plus en douceur). Sa manière de dessiner les crânes est assez perturbante par exemple. Tous les personnages ont une boite cranienne assez étrange (plus développée que la normale). Sa Modesty est peu moins sexy que celles des précédents dessinateurs, mais ça reste plutôt dans le cadre de qu'on peut espérer en lisant le strip. En observant son style, j'ai souvent eu tête le style de Robert Bressy (qui a notamment officié sur le strip Dr Fu Manchu). Cette comparaison vient surtout de la manière dont les deux artistes ont de dessiner les chevelures. Enfin, et c'est peut être le plus important, John Burns s'en sort très bien dès qu'il s'agit d'illustrer des scènes d'actions ou de combats. Au final, même s'il est peu probable qu'il devienne mon dessinateur préféré sur ce comic strip, John Burns est un bon remplaçant.


Titan Books nous propose un treizième volume similaire aux précédents. Aucune surprise au niveau du livre en lui-même, c'est du bon travail. Côté éditorial, nous avons l'occasion d'en apprendre un peu plus sur l'art de John Burns à travers une présentation un peu trop courte à mon goût: présentation suivie de trois pages de dessins fait par l'artiste. C'est intéressant. Mais on aurait pu s'attendre à avoir une petite biographie sur cet artiste pour le découvrir un peu plus en profondeur.


Yellowstone Booty, treizième volume des aventures de Modesty Blaise, s'avère donc être une très bonne lecture. Le changement de dessinateur est une expérience différente mais ne vient en rien gâcher le plaisir de lecture. Le prochain tome de cette série est également un moment important pour ce comic strip. Rendez-vous prochainement pour voir si Modesty Blaise s'en relèvera ou pas.

Intérêt global:et demi/5
Qualité de l'édition:/5


Critiques précédemment publiées:

- Volume 1
- Volume 2
- Volume 3
- Volume 4
- Volume 5
- Volume 6
- Volume 7
- Volume 8
- Volume 9
- Volume 10
- Volume 11
- Volume 12

NB: La qualité des images n'est pas vraiment représentative de la qualité réelle de réimpression des strips dans le livre. Ce dernier étant assez difficile à scanner, je me sers de scans trouvés sur internet pour illustrer cette critique.


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