Critique #123 : Mandrake Volume 1

Aujourd'hui, je vais vous parler un peu d'un comic strip que je voulais découvrir depuis trèèèèèès longtemps : Mandrake le Magicien. Créé en 1934 par Lee Falk (et très rapidement rejoint par Phil Davis au dessin), Mandrake le Magicien nous raconte les histoires de, je vous le donne en mille, Mandrake... un magicien ! Un titre très bien choisi donc. Le strip a connu une très longue vie. Jusqu'en 1964, le strip gardera la même équipe artistique. La collaboration s'achève suite au décès de Phil Davis cette année-là. Lee Falk recrutera ensuite Fred Federicks, avec qui il continuera l'aventure jusqu'en 1999, année où le créateur de Mandrake s'éteint. Fredericks devient alors le seul maître à bord et continuera de faire vivre le magicien jusqu'en juillet 2013 (le 6 pour être précis), Fredericks prenant sa retraite. Le comic strip était constitué des dailies mais aussi de sundays (ces derniers ayant vu la fin de leur publication en 2002). Un strip avec une belle longévité donc. Voyons de quoi il retourne.

Comme je vous le disais, Mandrake the Magician est un comic strip narrant les aventures de Mandrake, un homme pratiquant la magie. Assisté de son fidèle serviteur Lothar, le magicien vient souvent en aide à des personnes en difficulté (que ce soit officiellement ou par pur hasard). Voilà un résumé très basique du personnage mais qui me semble assez juste.

Dans ce volume, nous avons l'occasion de lire les trois premières histoires publiées de Mandrake le Magicien (entre le 11 Juin 1934 et le 15 Juin 1935). La première intitulée Le Cobra raconte comment Mandrake va essayer de contrer le Cobra, chef d'une organisation criminelle secrète et qui est accessoirement l'ennemi juré du héros. Cette fois-ci, le Cobra a dérobé des documents secrets qui risquent d'engendrer une guerre mondiale s'ils étaient dévoilés. Mandrake fera tout son possible pour contrer le Cobra et affaiblir sa main mise sur le monde. La seconde histoire, Le Mystère de la Maison de Jeu, entraîne Mandrake à l'insu de son plein gré dans une affaire d'extorsion de fonds. C'est suite à une rencontre fortuite que Mandrake se retrouve impliqué dans cette histoire. Mais comme toujours, il fera tout son possible pour découvrir le vrai du faux et aider au mieux les personnes en danger. Enfin dans Le Monstre du Col de Tanov, Mandrake et Lothar vont avoir à faire à un monstre qui terrorise le voisinage. Une enquête rapide de la part de notre duo montrera qu'il y a derrière tout cela anguille sous roche...

Ces trois histoires sont mon premier vrai contact avec le personnage et le comic strip. J'avais évidemment vu ici où là des strips, parfois quelques strips successifs. Mais jamais d'histoires complètes. Et pour ce premier contact, j'ai le droit aux trois premières histoires ! Trois aventures que j'ai bien aimé. Les trois sont très intéressantes. C'est de l'aventure comme je l'aime. C'est rythmé, l'action est bonne. Les rebondissements également. La galerie de personnages m'a plu. Mandrake est un magicien un peu séducteur (mais sans le vouloir). Son design est très bon. Il est toujours en smoking, avec un chapeau haut de forme et une petite cape. Vraiment sympa. J'aime le fait que sa magie n'est pas expliquée. Il peut faire voler des choses, disparaître... de la "vraie" magie. C'est très plaisant. Pour l'assister, nous avons Lothar, le serviteur (je pense qu'on peut dire également ami) de Mandrake, un personnage très fort qui aide le héros dans toutes circonstances. Son design m'a un peu surpris. Avec sa "tunique" et son chapeau, Lothar ressemble trait pour trait au personnage noir qu'on pouvait voir dans les films de Tarzan par exemple. Il n'a pas de "grosses lèvres", comme dans certains strips et autres BDs du début du 20ème siècle. Mais on est encore dans une vision du "sauvage" je trouve. L'évolution est certaine. Mais il est clair que les noirs étaient encore vus comme des êtres inférieurs aux blancs. C'est le ressenti que j'ai visuellement. Mais dans le texte, Lee Falk n'a pas fait de Lothar un abruti sans cervelle. Au contraire. A côté de cela, nous avons également la première apparition d'un personnage qui sera important dans la vie de Mandrake : la princesse Narda. Elle apparaît dans la vie du magicien suite à une coïncidence. Elle était sous l'emprise d'un malfrat. Et c'est en l'aidant que Mandrake fait sa rencontre. Ce personnage réapparaîtra très souvent dans le comic strip. Notre héros finira par épouser Narda... en 1997 !!! En plus de ces personnages, il ne faut pas que j'oublie de parler du Cobra, le plus grand méchant de ce comic strip. Paradoxalement, je l'ai trouvé assez comique et faisant assez peu "peur". En effet, au commencement, on nous le dépeint comme un personnage dangereux et très puissant. Ce qu'il est effectivement. Mais lors de sa confrontation avec Mandrake, je l'ai trouvé beaucoup moins impressionnant. Il a un petit côté roublard mais dès qu'il est piégé, il devient un homme "normal" (je n'en ai pas parlé mais le dénouement de cette histoire m'a beaucoup fait rire). Je suis vraiment curieux de le recroiser dans d'autres aventures pour voir si ce sentiment perdure ou pas. Enfin pour en revenir rapidement aux histoires, j'aime le côté "fantastique" de chaque histoire. Surtout en ce qui concerne la dernière histoire où en plus de la magie, Lee Falk a clairement été influencé par le Frankenstein de Mary Shelley.

Visuellement, j'ai aimé le travail de Phil Davis sur le strip. Ces personnages sont intéressants. Sa mise en scène est très bonne. Son style réaliste est vraiment plaisant à regarder. Là aussi, j'espère avoir l'occasion d'en voir plus car son trait me plaît beaucoup.

C'est à l'éditeur Futuropolis que l'on doit la publication de ce livre. Et ma foi, la qualité de cette édition est plutôt bonne. Elle fait partie du haut du panier. Le format est identique à ce que proposait l'éditeur dans cette gamme. Les strips sont plutôt bien reproduits. Ce n'est pas parfait, mais c'est pas mal du tout. Le trait n'est pas trop gras et les strips n'ont pas été surexposés. Côté éditorial, c'est plus maigre que d'habitude. Nous n'avons le droit qu'à une simple page d'introduction sur le strip, ses créateurs et le personnage. Intéressant. Mais un peu maigre.

Cette découverte de Mandrake le Magicien a donc été une très bonne lecture. C'est un univers qui m'intéresse beaucoup et que j'espère avoir l'occasion de revoir prochainement. A l'heure actuelle, on ne peut qu'espérer que Titan Books sorte un jour son volume consacré aux premiers sunday strips. A part cela, aucun éditeur n'a communiqué sur un éventuel volume Mandrake dans le futur. Et c'est bien dommage.

Intérêt global :/5
Qualité de l'édition :et demi/5