lundi 13 septembre 2010

Critique #15 : The Boondocks Volume 1


The Boondocks est un comic strip créé par Aaron McGruder. Les premiers strips seront publiés initialement dans le journal de l'Université du Maryland (où l'auteur étudiait) sous le nom de Diamondback (publication entre 1997 et 1999). Le strip apparaitra ensuite dans de multiples journaux nationaux aux Etats-Unis sous le nom de The Boondocks. La publication s'achèvera fin 2005, l'auteur se tournant vers une adaptation en anime de ses personnages fétiches.

Ce comic strip raconte l'histoire de Huey Freeman et de son frère Riley, deux jeunes Afro-américains, quittant les quartiers chauds de Chicago pour emménager avec leur grand père dans une banlieue plutôt aisée (et majoritairement blanche) appelée Woodcrest. Le dépaysement est total. Riley, c'est l'archétype du jeune garçon nourrit de clips de raps, obsédé par l'argent... Son ambition est simple : il veut devenir la terreur de Woodcrest. Son frère Huey est totalement différent. Très intelligent, il a développé un cynisme affolant. C'est un contestataire, limite révolutionnaire qui a toujours quelque chose à redire et ce quelque soit la situation. Ces deux jeunes enfants sont sous la responsabilité de leur grand père, un homme dont la droiture est exemplaire. Il espère qu'en prenant en charge ses deux petits fils, ils deviendront des enfants "normaux".

The Boondocks est un comic strip très drôle. Les relations entre les différents personnages (que ce soit dans la famille Freeman où avec les amis) sont amusantes. La galerie de personnages secondaires est très bien trouvée. Caesar (qui est originaire de Brooklyn) est toujours là pour apporter un peu de cynisme et tempérer Huey. Thomas et Sara Dubois sont les voisins "mixtes" (comprendre le mari est noir et la femme est blanche) sont hilarants dès lors que ça parle de politique. Leur fille Jasmine, est une métisse qui ne s'assume pas. Ce qui permet à Huey de la mettre en boîte. Etc... The Boondocks est un des rares comic strips dont les héros sont noirs. L'auteur joue d'ailleurs beaucoup sur cette spécificité. Et il le fait bien. Il n'hésite pas à se moquer des noirs, des blancs de la même manière. Il adore critiquer les artistes noirs, les médias, les hommes politiques. Il traite également beaucoup de l'actualité du moment... Bref, tout le monde en prend pour son compte. Pour le côté critique politique, on peut faire une certaine filiation avec Bloom County de Berkeley Breathed. Ses strips font également réfléchir tant ils sont juste. D'ailleurs, il y a eu à plusieurs reprises de la censure sur certains de ses propos qui gênaient trop. Au final, ce comic strip est un vrai bol d'air dans un monde souvent aseptisé.

Ce premier volume nommé A Right to Be Hostile est plutôt de bonne facture. Format softcover proche du A4. Il contient près de 800 strips (couvrant la période avril 1999 - mars 2003). Les strips sont très bien reproduits (le confort de lecture est très bon). La majorité des strips sont en noir et blanc. Seul défaut : l'absence de bonus. Mais vu le contenu, on en viendrait presque à pardonner ce manquement.

A noter pour les anglophobes qu'il existe une version française de ce comic strip éditée par Dargaud. Il existe 6 volumes de 46 pages reprenant une petite partie du matériel disponible en V.O. Pour les anglophobes, c'est une alternative intéressante. Mais si vous le pouvez, jetez vous plutôt sur ce premier gros volume. D'autant plus que le prix de ce volume est dérisoire (moins de 15€).

Note de globale : et demi /5
Note du livre : et demi /5

2 commentaires :

  1. Je viens de découvrir votre blog, et il est très bien fait ! Il va m'être très utile, d'autant plus que depuis peu j'écris et dessine mon propre comic strip.

    The Boondocks est effectivement un des rares comics strips qui parlent, entre autres, des questions raciales dans une société américaine après la fin de la ségrégation.

    Dans la même thématique vous avez aussi l'excellent "Madam & Eve" de Stephen Francis et Rico Schacherl, un comic strip sud-africain qui parle des relations entre une patronne blanche et sa femme de ménage noire dans la nouvelle Afrique du Sud post-apartheid. L'intégrale a été traduit en français chez Vents d'Ouest.

    Annick K.

    http://www.behance.net/annickkamgang/frame/6196099
    http://lesdemelesdemelanine.blogspot.fr/

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Annick et merci de lire ce modeste blog. Je suis bien content de voir que vous y trouver votre compte.

      Je ne connais pas du tout Madame & Eve. Je vais jeter un oeil sur ce comic strip.

      Enfin, j'ai jeté un oeil sur votre travail. Le dessin de presse sur Lance Armstrong m'a bien fait rire. Je vous souhaite bon courage pour la suite.

      Supprimer