lundi 16 mai 2011

Critique #47 : Connie Volume 1



Connie, comic strip créé par Frank Godwin, est l'exemple typique du comic strip qui est un peu passé inaperçu à travers le temps. L'explication est toute simple : Connie est une histoire de science fiction qui a dû faire face à une concurrence redoutable lors de sa publication dans les années 1930. En effet, c'est à cette époque que virent le jour Buck Rogers in the 25th Century (de Philip Nowlan et Dick Calkins) et Flash Gordon (d'Alex Raymond). Est-il pour autant moins bon ? Pas sûr...


Le comic strip Connie a été publiée entre 1927 et 1944. Distribué par The Ledger Syndicate, Connie Kurridge est apparue pour la première fois dans les journaux en 1927 dans un sunday strip (en couleur). C'est en 1929 que l'héroïne fera ses débuts dans des aventures quotidiennes (en noir et blanc). La paternité du strip semble incertaine. En effet, Frank Godwin est toujours mis en avant. Cependant, son frère Harold Godwin est nommé en tant que scénariste sur la quatrième de couverture du volume dont nous allons parler. Lors du commencement de l'histoire, Connie était une pilote d'avion fortement portée sur l'aventure. Par la suite, ses aventures l'emmèneront vers d'autres cieux, dans l'espace.


Ce volume, publié par l'éditeur Pacific Comics Club, contient deux histoires complètes parues initialement entre le 21 Décembre 1938 et le 30 Mai 1939. La première est intitulée Captives of the Space Pirates. Dans cette histoire, Connie et ses amis sont sur le chemin du retour vers la Terre après une visite sur la planète Mars. Malheureusement pour eux, ils vont être capturés par une bande de brigands de l'espace (des terriens) et sont emmenés sur une des lunes de Jupiter (où une forêt de champignons géants avec des dinosaures est la norme) pour voler leur vaisseau et pour rencontrer leur chef. La seconde histoire, Master of the Jovian Moons, est la suite directe de la première. Elle raconte la fuite de Connie et de ses amis. Ils rencontreront alors des moines asiatiques sur Jupiter et devront faire face à de nouveaux soucis. Ces deux histoires sont plutôt intéressantes à suivre. Elles sont plutôt bien rythmées. Le côté science fiction est bien exploité (les auteurs prennent certaines libertés avec la Science. Mais dans un récit de SF, ça passe sans problème). On retrouve des thématiques assez populaires (comme les peuples qui vivent sous l'eau et dont les villes sont protégées par des sortes de cloche à fromage). Autre point très intéressant de ce comic strip : Connie, l'héroïne, est l'incarnation avant l'heure de la femme libérée, qui n'a besoin de personne pour s'en sortir. En effet, c'est une femme indépendante. C'est elle qui sort ses amis des difficultés qu'ils rencontrent. Ce style de personnage était assez rare à l'époque. On pourrait faire une comparaison avec le comic strip Flash Gordon, série dans laquelle Connie serait Flash Gordon et où Dale Arden serait représentée par l'ami de Connie : Hugh. Peut être avons-nous ici une explication à notre interrogation sur le peu de souvenirs qu'a laissé ce comic strip dans les mémoires. On pourrait imaginer les hommes de l'époque dénigrer, voir ignorer ce comic strip qui met autant en avant une femme. Graphiquement, ça tient vraiment bien la route. Au premier abord, on peut avoir un peu de mal avec l'utilisation des hachures qui peuvent parfois apparaitre comme superflues. Cependant, avec un peu de recul, il faut reconnaitre que c'est du très bon travail. Le style de Frank Godwin est agréable. Son imagination est grande (sa représentation des dinosaures, des monstres sous-marin, de la faune et de la flore extraterrestre sont très intéressantes). En observant son travail, on ne peut s'empêcher de penser au style graphique observable sur le comic strip Buck Rogers in the 25th Century, avec quelques hachures en plus. En somme, on peut dire que ce comic strip a un contenu tout à fait valable.


Venons-en au contenant à présent. Pacific Comics Club n'est pas à son premier coup d'essai en ce qui concerne la publication du comic strip Connie. En effet, cet éditeur a publié 6 volumes (ces volumes couvraient la période 1929-1938 (mais pas de manière continue)) avant de nous proposer le volume dont nous parlons. Chose intéressante : l'éditeur a décidé de changer le format de publication. Auparavant, un volume avait un format à l'italienne (50 pages, softcover). Le nouveau format est plutôt petit, carré. Softcover. Environ 140 pages (un strip par page). Le problème de ce format : l'éditeur a choisi de remonter les strips. Au lieu d'avoir une bande de 3 à 4 panels, nous avons un strip réparti sur deux bandes (avec 2 panels par bande). Ca ne gêne pas la lecture. Mais on peut trouver dommage que le format original ne soit pas respecté. Autre défaut de cette édition : le contenu éditorial est absent. Seul un encart nous raconte l'histoire derrière l'édition. C'est intéressant. Mais ça manque cruellement d'informations. En effet, pour une fraction non négligeable de lecteurs, ce volume est leur premier contact avec ce comic strip. Une introduction sur le personnage eut été la bienvenue. Enfin, sauf être excessif, on peut s'interroger sur le prix de cette édition. Il n'est pas très élevé ($11,95). Cependant, on peut ressentir une sensation de manque, comme si on en avait pas totalement eu pour notre argent (on peut penser que le simple ajout d'un contenu éditorial aurait effacé cette sensation).


Peut-on considérer Connie comme un comic strip à acheter impérativement ? La réponse est non. L'histoire est plutôt intéressante est sympathique à lire. Si ce volume est représentatif de l'intégralité du comic strip, on peut trouver dommage qu'il ne soit pas plus populaire. Cependant, il faut reconnaitre que dans le même genre, un Flash Gordon était quand même bien plus intéressant. Cependant, si vous le trouvez à petit prix, ça peut valoir le coup d'y jeter un oeil. A lire si vous n'avez rien d'autre sous la main.

Note globale : et demi
Note du Livre : et demi

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