vendredi 19 juillet 2013

Critique #93 : Li'l Abner Volume 1


Li'l Abner... nous avons déjà parlé un petit peu de ce comic strip sur ce blog via la critique du volume 4 des années Frazetta (pour la relire, ça se passe ici). Aujourd'hui, nous allons nous intéresser aux tous premiers strips. Li'l Abner est un comic strip créé par Al Capp en 1934. La toute première bande a été publiée le 13 Août. L'aventure durera plus de 40 ans pour s'achever le 13 Novembre 1977. En supplément des strips de la semaine, un strip dominical est ajouté le 24 Février 1935.


Li'l Abner est un comic strip nous proposant de suivre le quotidien de Abner Yokum, aka Li'l Abner, un jeune dans la pleine force de l'âge qui vit dans le village de Dogpatch (dans l'Etat d'Arkansas). Il vit avec ses parents "Pappy" (Lucifer Ornamental) et "Mammy" (aka Pansy) Yokum. Le jeune homme est un bon vivant. C'est l'archétype de l'être humain candide. Il aime Daisy Mae (une belle jeune femme de son village) mais refuse de se l'avouer. Tout ce beau monde vit dans la joie et la bonne humeur. Ils sont unis même dans la difficulté...


Ce premier volume collecte les daily strips parus entre le 13 Août 1934 et le 15 Décembre 1936 ainsi que les sundays parus entre le 24 Février 1935 et le 6 Décembre 1936. Les dailies et les sundays ont deux histoires bien différentes. Attardons nous d'abord sur les strips de la semaine. Cette partie de ce volume 1 m'a énormément plu. Ce comic strip a forte tendance humoristique est très intéressant (et amusant). Li'l Abner vit des aventures quotidiennes riches et variées. Comme je le disais un peu plus haut, c'est l'archétype de l'être candide. Il peut se faire berner par n'importe qui, même des enfants. Abner est un bon vivant qui profite de la vie. Il adore son village de Dogpatch. Ca se verra particulièrement lorsqu'il va aller rendre visite à sa tante Bessie qui vit à New York. Abner est intéressant parce qu'il est "brut" dans ses sentiments. Notamment envers la jeune et jolie Daisy Mae (qui habite dans le même village). Daisy est amoureuse de notre héros et ne souhaite qu'une chose : qu'il la remarque et qu'il l'aime. Mais malheureusement pour elle, Abner a un comportement de "gamin". Il est évident qu'il l'aime (il le montre notamment quand un autre garçon tourne autour de la belle) mais il refuse de l'avouer. La vie sentimentale du héros sera assez mouvementée par ailleurs, sans qu'il le cherche. Les parents de Li'l Abner sont (après Abner) les deux personnages que j'ai le plus aimé dans ce strip. Ils forment un duo parfait. D'un côté, nous avons Mammy Yokum, la matriarche de la famille. C'est elle qui fait la loi, tout le monde lui obéit. Elle se préoccupe beaucoup de l'avenir de son fils. Elle le verrait bien épouser Daisy Mae. Mammy Yokum est également la figure du super héros du village. Son autorité est forte. Beaucoup de personnes la craignent. Elle n'hésitera d'ailleurs pas à donner des bourre-pifs dès que sa famille a un problème. Pappy Yokum est le personnage zen du couple. Il est lui aussi assez crédule (ce qui lui vaudra quelques soucis). De part son caractère, il est un peu plus en retrait dans le strip. Mais sa présence est essentielle. Je vous ai parlé rapidement des personnages principaux. Mais la galerie de personnages secondaires est très intéressante. Parmi tout ceux-ci, je citerai Marryin' Sam, un juge de paix itinérant. J'ai beaucoup aimé ce personnage qui est prêt à tout pour se faire de l'argent. Sa spécialité : embobiner les gens crédules pour réussir à les convaincre de se marier ou au contraire de les faire divorcer (contre de l'argent dans les deux cas). Je pense que vous l'aurez vu venir en lisant la description de ce personnage : Marryin' Sam va jouer un rôle important dans la vie des Yokums en tentant de marier Li'l Abner puis plus tard en tentant de séparer Pappy et Mammy Yokum. Les personnages sont donc très convaincants. L'environnement de ce comic strip est également réussie. Dogpatch est presqu'une image d'épinal du village américain du 18ème et du début 19ème Siècle. Ca sent la campagne. Ca sent le village de "ploucs" (les fameux Hillbillies). Les rencontres entre les deux mondes (la campagne "traditionnelle" et la ville "moderne") est intéressante. J'ai bien aimé cette ambiance. Je ne sais pas à quel point cette vision de la campagne profonde était vraie à l'époque mais elle me semble en tout cas crédible. On retrouve ce genre de "témoignage" dans les films et les séries TV. Je pense notamment dernièrement à la série TV Justified (que je vous recommande chaudement) dont la ville centrale où tout se passe aurait largement sa place dans Li'l Abner. Ces strips quotidiens m'ont donc beaucoup plu. Le mélange histoire de fond / gags est bien géré. Et visuellement, c'est très réussi.


Je serais moins dithyrambique sur les strips du dimanche. Comme dit précédemment, ces strips sont indépendants de l'histoire qui parait en semaine. Il n'y a d'ailleurs pas vraiment de fil rouge sur la durée. Ici, on est dans le pur gag. Et malheureusement, je n'ai pas trouvé ça très bon. Je pense être bon public mais ces gags m'ont rarement fait. Ce qui est fort dommage (surtout en comparaison de l'humour présent dans les strips de la semaine). Peut être est-ce la relative absence d'histoires de fond qui affaiblissent les gags. Du coup, je suis en train de me dire que la déception que j'avais ressenti en lisant le volume 4 des sundays période Frazetta n'était peut être pas un hasard. L'avenir nous le dira. Ces strips du dimanche sont donc pour moi quasiment dispensables. Seul l'aspect visuel vaut vraiment le détour (même si j'ai une préférence pour le noir et blanc, les strips en couleurs sont très réussis).


En ce qui concerne l'édition, IDW nous propose un livre de très bonne qualité. Hardcover au format un peu plus grand qu'une feuille A4. Les strips sont parfaitement reproduits. Côté éditorial, nous avons le droit à une introduction de Denis Kitchen suivie d'un article passionnant (une nouvelle fois) signé Bruce Canwell intitulé "Hillbilly Heaven". Article très bien illustré.


Même si les sunday strips m'ont un peu déçu, Li'l Abner Volume 1 a été une lecture très plaisante. Les daily strips suffisent amplement à la justification de l'achat de ce livre. Par contre, je dois souligner un dernier point que je n'ai pas abordé : avant d'éventuellement commander ce volume, je vous recommande chaudement de bien lire les exemples présents dans cette critique. Pourquoi ? Tout simplement parce que la lecture du strip est assez compliquée. En effet, les dialogues d'Al Capp ne sont pas écrites dans un anglais "courant". Ils sont plus le mélange d'anglais parlé, de contractions de mots voir un peu d'argot pas évident à maîtriser. Vous aurez forcément un temps d'adaptation pour être à l'aise. Ce n'est pas insurmontable, mais c'est clairement un des strips les plus compliqués que j'ai lu jusqu'à aujourd'hui (avec Krazy Kat et Pogo probablement). A part ça, c'est du tout bon.


Intérêt global : /5
Qualité de l'édition : /5

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