jeudi 5 septembre 2013

Critique #106 : King Aroo Volume 1


Le monde du comic strip humoristique est vaste. Certains titres sont plus connus que d'autres. On cite toujours The Peanuts, Calvin and Hobbes, Garfield (sigh), Bloom County... Et évidemment, des titres (de qualité) sont malheureusement oubliés (ou mis de côté). King Aroo fait partie de ces comic strips qui n'ont pas été suffisamment mis en avant (au moins en France). Aujourd'hui nous allons donc nous intéresser à ce titre qui le mérite vraiment.


King Aroo est un comic strip créé par Jack Kent. Il fut publié entre 1950 et 1965. Ce strip les (més)aventures de King Aroo, roi du royaume de Myopie. C'est un personnage au comportement un peu enfantin. Il n'a aucune autorité. Il est fleur bleue et très aimable. Yupyop est son ministre à tout faire. Il occupe tout les postes clés (à tour de rôle) du royaume. Contrairement à King Aroo, Yupyop est un être plutôt autoritaire et cynique. Il pense à lui avant de penser aux autres. Nous avons donc à faire à un duo aux personnalités plutôt opposées mais qui dans l'ensemble est complémentaire. Autour de ces deux personnages gravitent tout un tas de personnages, tous plus intéressant les uns que les autres. Mr Pennipost est un kangourou qui s'occupe du courrier. Mr Elephant est un éléphant qui ne souvient plus de qui il est (et même de quel espèce il est). Wanda Witch est une sorcière proposant des elixirs qui ne fonctionnent quasiment jamais. Profesor Yorgle est le monsieur je-sais-tout du royaume. Il est consulté pour divers renseignements. Pour finir je citerai également Dipody Ditch, un écrivain public et poète à ses heures, ainsi que la "Magnifique Princesse du Royaume d'à côté", très jolie princesse dont King Aroo n'est pas insensible à ses charmes. Cette galerie de personnages est un pur régal, chacun apportant sa petite pierre à cet édifice d'humour.


Ce qui fait la particularité de King Aroo (relativement aux autres strips humoristiques) est clairement son humour raffiné. Par humour raffiné, j'entends des gags s'appuyant sur des jeux de mots savoureux, des discussions qui dévie de leur propos initial pour deviser sur un point de sémantique (ou de grammaire). Les gags visuels s'appuient sur ces jeux de mots. Bien évidemment, on trouve également des gags "normaux", qui fonctionnent sur du gag de situation. Mais toute la saveur de King Aroo repose clairement sur les jeux mots, les non-sens, les situations abracadabrantesques. C'est en cela que l'accroche visible sur la couverture de ce volume 1 est vraie : King Aroo fait clairement partie de la même catégorie de comic strips qu'un Krazy and Ignatz de George Herriman ou encore d'un Pogo de Walt Kelly. Ces strips ont un petit côté "intello" très plaisant et assez frais par rapport aux strips plus traditionnels (attention, je ne dis pas que le strip humoristique traditionnel est débile et idiot. Loin de là). En plus de cela, il faut noter que King Aroo, et cette fois-ci contrairement à Pogo et Krazy and Ignatz, est très accessible pour tout le monde. En effet, ici Jack Kent propose des dialogues très compréhensibles (pour les petits et les grands). Il n'use et n'abuse pas de langage mélangeant des contractions de mots ou encore de l'argot. Le strip est clairement plus facile d'accès que les oeuvres d'Herriman et de Kelly. Est-ce que ça en fait un meilleur titre ? Non. Je vous laisse seuls juges sur cette question. Mais avoir un humour raffiné ET accessible est très agréable.


Visuellement, Walt Kelly nous propose un style dynamique, avec des panels remplis de décors (la plupart du temps). Ses personnages anthropomorphiques sont très réussis. Les personnages humains sont eux aussi réussis. Les mimiques des divers personnages sont savoureuses et renforcent le côté humoristique du strip. En somme, Jack Kent proposait déjà un style affirmé dès les premières bandes.


IDW propose une nouvelle fois une édition de qualité pour sa collection Library of American Comics. King Aroo est édité dans un format à l'italienne avec une couverture dure. Le premier volume compte environ 340 pages et compile les daily strips parus entre le 13 Novembre 1950 et le 1er Novembre 1952 ainsi que les sundays parus entre le 19 Novembre 1950 et le 2 Novembre 1952. Ces strips sont parfaitement reproduits. Il est à noter que les sundays sont étonnamment proposés en noir et blanc. Je ne peux vous dire si cela est un choix éditorial (ce serait surprenant vu les autres éditions de cette collection) ou si ces strips étaient originellement publiés en noir et blanc. Je tenais tout de même à signaler cet aspect. Côté éditorial, vous aurez le droit de lire une introduction de Sergio Aragones ainsi qu'un passionnant sur la vie de Jack Kent signé Bruce Canwell



King Aroo s'avère donc être un excellent comic strip que je ne peux que vous recommander chaudement. Ce fut une excellente surprise. Cette lecture est clairement une de mes meilleures lectures de cette année.

Intérêt du livre : /5
Qualité de l'édition : /5

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